Le vin rouge est-il vraiment bon pour notre cœur ?

Avez-vous déjà bu un verre de cabernet ou de pinot noir en disant : « Hé, c’est bon pour mon cœur, n’est-ce pas ? » Cette impression largement répandue remonte à une phrase d’accroche inventée à la fin des années 1980 : le paradoxe français.

Le paradoxe français fait référence à l’idée que la consommation de vin peut expliquer les taux relativement faibles de maladies cardiaques chez les Français, malgré leur goût pour le fromage et les autres aliments riches et gras. Cette théorie a contribué à la découverte d’une foule de composés végétaux bénéfiques connus sous le nom de polyphénols. Trouvés dans les peaux de raisin rouge et violet (ainsi que dans de nombreux autres fruits, légumes et noix), les polyphénols expliquent théoriquement les propriétés protectrices du vin pour le cœur. Un autre argument vient du fait que le régime méditerranéen, un régime alimentaire qui prévient les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux, contient du vin rouge.

Cependant, les preuves que boire du vin rouge en particulier (ou de l’alcool en général, d’ailleurs) peut vous aider à éviter les maladies cardiaques sont assez faibles, dit le Dr Kenneth Mukamal, un interniste du Beth Israel Deaconess Medical Center, affilié à Harvard. Toutes les recherches qui montrent que les personnes qui consomment des quantités modérées d’alcool ont des taux plus faibles de maladies cardiaques sont fondées sur l’observation. De telles études ne peuvent pas prouver la cause et l’effet, seulement les associations.

La consommation modérée d’alcool – définie comme une consommation par jour pour les femmes en bonne santé et deux consommations par jour pour les hommes en bonne santé – est largement considérée comme sûre. Mais à ce jour, les effets de l’alcool sur la santé n’ont jamais fait l’objet d’un essai randomisé à long terme.a

Attentes du raisin

Bien que certaines études suggèrent que le vin est meilleur pour le cœur que la bière ou les liqueurs fortes, d’autres ne le sont pas, selon un article de revue sur le vin et la santé cardiovasculaire paru dans le numéro du 10 octobre 2017 du Circulation. Ce n’est pas surprenant, dit le Dr Mukamal. « Dans de nombreux cas, il est difficile de distinguer l’effet des habitudes de consommation de certains types de boissons alcoolisées « , explique-t-il. Par exemple, les gens qui boivent du vin sont plus susceptibles de le faire dans le cadre d’une habitude saine, comme boire un verre ou deux avec un bon repas. Ces habitudes – plutôt que leur choix d’alcool – peuvent expliquer leur santé cardiaque.

De plus, le paradoxe français n’est peut-être pas si paradoxal après tout. De nombreux experts estiment aujourd’hui que des facteurs autres que le vin peuvent expliquer cette observation, tels que les différences de mode de vie et d’alimentation, ainsi que la sous-déclaration précoce des décès dus aux maladies cardiaques par les médecins français. Qui plus est, note le Dr Mukamal, les taux de maladies cardiaques au Japon sont plus faibles qu’en France, mais les Japonais boivent beaucoup de bière et d’alcool clair, mais presque pas de vin rouge.

Réserves de resvératrol

Qu’en est-il des polyphénols contenus dans le vin rouge, dont le resvératrol, un composé qui fait l’objet d’une forte publicité en tant que supplément protecteur du cœur et anti-âge ? La recherche sur les souris est convaincante, dit le Dr Mukamal. Mais il n’y a aucune preuve de bénéfice pour les personnes qui prennent des suppléments de resvératrol. Et il faudrait boire de cent à mille verres de vin rouge par jour pour obtenir une quantité équivalente aux doses qui ont amélioré la santé des souris, dit-il. De plus, une étude réalisée en 2014 sur des personnes âgées vivant dans la région du Chianti en Italie, dont l’alimentation était naturellement riche en resvératrol, n’a révélé aucun lien entre les taux de resvératrol (mesurés par un produit de dégradation dans les échantillons d’urine) et les taux de maladie cardiaque, de cancer ou de décès. Quant au régime méditerranéen, il est impossible de savoir si le vin rouge joue un rôle important dans la réduction des maladies cardiaques, explique le Dr Mukamal.

Si vous aimez le vin rouge, veillez à vous limiter à des quantités modérées. Mesurez 5 onces (ce qui équivaut à une portion) dans le verre que vous utilisez habituellement. Cinq onces semblent plus petites dans une grande coupe que dans un verre à vin standard. De plus, les hommes âgés doivent savoir que le National Institute of Alcohol Abuse and Alcoholism et l’American Geriatric Society recommandent qu’à partir de 65 ans, les hommes limitent leur consommation d’alcool à un seul verre par jour. Les changements liés à l’âge, y compris une diminution de la capacité de métaboliser l’alcool, rendent les quantités plus élevées à risque, peu importe le sexe.

 

Auteur de l’article : Roland